Elle lui avait dit qu’elle était fragile, que s’il jouait elle ne s’en remettrait jamais. Elle lui avait dit qu’elle l’aimait. Que ça lui faisait mal même. Que sa vie n’était plus la même, qu’elle dansait toujours, partout, la tête sereine. Elle lui avait dit « toi et moi c’est pour la vie, je t’aime, je te l’ai promis ». Il lui avait dit que jamais il ne lui ferait du mal, qu’il aimait à en devenir fou. Ils s’étaient livrés à un avenir radieux, rien qu’eux. Il avait oublié de lui dire qu’il était condamné, qu’il allait mourir. La quitter.

Elle lui avait dit pourtant que s’il partait, elle l’en mourait. Complice et supplice à la fois, leur amour était devenu leur seul repère, un remède et une déchirure à chaque fois que cet amour s’enflammait. Ça ne s’arrêtait jamais. Ils se demandaient pourquoi Eux. Elle en devenait folle de l’aimer autant. Le regarder, ne plus voir leur avenir dans son regard… Elle en  devenait aliénée. Mais elle l’aimait. Il l’aimait. Ça oui, ils s’aimaient. 

On dit que le temps guérit les blessures. Qu’il assainit les plaies et qu’il permet d’oublier. Moi je vous dis que le temps joue avec nos souvenirs. Qu’il fait baigner dans notre sang le cadavre unique de nos souhaits égarés, trop dissipés par la douleur et la mort. J’aurais aimé te sauver la vie des milliers de fois, dans mes rêves, mes cauchemars, mes insomnies. Je te vois la nuit, le jour. Je te sens contre moi, mais tu n’es pas là. Ton fantôme erre autour de mon corps comme si tu attendais quelque chose de moi, mais rien de bon ne peut advenir désormais. J’suis une âme docile & sans vie  qui finira par bousculer les rites établies. Je crèverais sous ton absence, brûlerais d’incandescence si tu ne reviens pas. C’est comme trainer autour d’un lac, tout est si noir, si oppressant, mais je reste là. Je n’ai pas peur, j’affronterais n’importe quoi pour revoir ton visage. Dis-moi que je me trompe, que tu reviendras, que tu me ferais mal encore une fois. A quoi bon vivre heureux, comment sait on quand on est vie si on ne souffre pas ! Frappe-moi ! Frappe-moi encore ! Fais couler mon sang ! Sens mon cœur battre sous l’affolement. Puis prends-moi dans tes bras, mens-moi, et dis-moi que tout s’arrangera. Qu’on s’aimera encore et encore, à en faire mourir nos corps.

• Il y a des moments, on aimerait arrêter de respirer. Il y a des moments, on aimerait arrêter de voir, écouter, sentir & de devoir affronter... • 

Les petites bêtes se font toujours bouffer par les grosses. C'est pour ça que ma maman m'a toujours dit de mettre des talons. 

Va falloir sortir de ta salle de bain, arrêter de peindre ton visage, et prendre des coups pour de vrai. Ceux qui t'écorchent la bouche et le coeur. Ceux qui te font boîter et réduisent ton égo en poussière. Faut savoir prendre, mais rendre aussi. Tendre les poings, mâchoire vérouillée, fermer les yeux ou les garder bien ouverts. Et frapper, frapper encore, et plus fort. Evacuer la violence et la haine. J'ai tendu l'autre joue, à toi de jouer. 

Sers les poings, ou croises les doigts.